Dimanche.
Six heures, réveillée par une dent que je ne veux pas faire soigner.
A la radio, des gens parlent d'enfance, de contes, de plaisir d'écrire. De nécessité.
Des choses naissent. Je ligote tout.
Je mets des poubelles dans des sacs, du linge dans le panier, de la vaisselle dans la cuisine.
Je me lève.
Je fais du thé. Vert.
Je suis décidée à ne pas faire de vidange.
Je pèse des dizaines de grammes de fruits.
Dans un joli bol, avec des baguettes. Et sur un plateau blanc. Et puis du citron.
Je suis fatiguée. Il est neuf heures.
Des choses naissent. Je ne ligote plus si bien, tout en atteignant pas mieux.
J'essaie d'écrire. Rien. Ou pas grand chose, et c'est pire.
Première vidange.
Je prends un antidouleur. Je dors devant la télévision. Il est midi.
Je somnole longtemps, comme ça. Avec des gens sérieux dans la télévision.
Et puis, le téléphone sonne.
Et puis il est dix neuf heures.
Je mange une pomme, rouge.
Je fais la vaisselle.
Dans un élan soudain, je mets des gants ménagers roses et je lessive les murs.
Hier, c'était les vitres.
J'aime bien, ces gestes là, la répétition, le soulagement de l'éclaircie, simple, toute seule et simple, sans aucune complication; on nettoie, c'est facile de nettoyer, ensuite, c'est propre. Rien à dire. Propre c'est tout.
C'est tout.
Aucune complication.
Il est vingt et une heure.
J'ai le vertige.
Je fais une salade obsessionnelle avec des lanières de laitue.
J'en fais une deuxième pour S.
J'ai toujours le vertige.
Je décroche le téléphone pour occuper la ligne.
Deuxième vidange.
Je raccroche le téléphone.
J'étends le linge, j'appelle l'amoureux.
Je roucoule.
Je roucoule longtemps et j'y crois un peu, à ces mots là, les yeux dans le vague, les mots dans la bouche, les mots qui deviennent regards mains et souffles et d'autres choses.
Je raccroche le téléphone.
Il est une heure du matin.
Je fume une cigarette.
Je ne sais pas si je veux dormir.
Je fume une deuxième cigarette.
Je pense à ce journal-ci et à ce sous titre débile. Et puis à un autre journal, en friche.
Je pense à ce besoin de décrire les jours, comme un inventaire.
Je pense à tenir un journal de mes rêves, aussi.
Je pense à mon impossibilité d'achever quoi que ce soit.
Comme si tout devait rester promesses, toujours.
Alors ici, comme ailleurs.
Il est deux heures et demie.